Description
François Ruffin
Je profite du portrait de François Ruffin (journaliste, essayiste, réalisateur et homme politique français) pour aborder la dualité et la complémentarité.
Dualité et complémentarité
La mémoire digitale est lancinante, douée d’une précision qui peut fonctionner dans un continuum sans fin. En effet, toujours fidèle à elle-même, elle livre des moments enregistrés pour l’éternité et de manière infaillible. Alors, faisons ici abstraction de la dégradation d’un fichier informatique, voire de sa compression créant des artefacts polluant la signification du message. Ainsi, il est facile d’imaginer qu’un cours magistral enregistré pourra servir maintes fois à de nombreux étudiants. La séquence vidéo, pouvant contenir plusieurs angles de vue associés à un éclairage bien particulier, livrera une certaine ambiance.
La mémoire digitale
Cette mémoire digitale est limitée à son champ d’application rejetant l’ambiance d’un amphithéâtre. Alors, l’étudiant placé au centre d’un amphithéâtre aura une perception très différente du cours magistral en raison de son propre état émotionnel, de la pollution gestuelle et bruyante de ses camarades ainsi que de la silhouette d’un professeur réduite par la distance. Une bonne solution d’apprentissage consiste à regarder le vidéogramme d’un cours auquel l’étudiant a assisté. Très vite, il s’apercevra des écueils de sa mémoire. Ainsi la mémoire digitale viendra en complément de souvenirs personnels.
Perception visuelle
Il en va de même pour la couleur, qui n’est autre qu’une perception visuelle d’une structure éclairée de lumière chaude ou de lumière froide à laquelle vient s’ajouter l’environnement extérieur. En formation professionnelle, j’ai réalisé un grand nombre de fois l’expérience suivante : il s’agissait de montrer une couleur à l’écran en demandant aux stagiaires de la mémoriser. Pour la suite de l’opération, j’ai intégré une image composée de couleurs complémentaires. Dans un troisième temps, j’ai proposé un camaïeu de douze couleurs de teinte et de saturation proches du document initial.
La couleur initiale
Un numéro affublait chaque portion de couleur. Aucun stagiaire ne fut capable de retrouver la couleur initiale. Cette expérimentation fut réalisée sur plusieurs dizaines de groupes de stagiaires. En raison de son contexte, de son éclairage, il est impossible de mémoriser une couleur.
C’est pourquoi les couleurs sont souvent énoncées de la façon suivante et quelquefois de façon très poétique : abricot, aigue-marine, alezan, ambre, améthyste, aquilin, aubergine, auburn, aurore, avocat, azur. Arrêtons ici, bien que nous n’en soyons qu’à la lettre A.
Grâce à l’informatique, il sera possible d’établir un code pour chaque utilisation particulière : le code hexadécimal pour Internet, le code RVB pour les images affichées à l’écran, le code CMJN pour la simulation des documents imprimés sur papier. Grâce à ces références, la couleur devient exacte avec une expression mondiale pour tous les sous-traitants des corps de métiers liés aux arts graphiques.
Le bleu outremer est un bleu tirant vers le violet. Sa référence technique en mode RVB correspond aux parts suivantes : 27 parts de rouge, une part de vert et 155 parts de bleu.
Le mot bateau
Si le mot bateau est compréhensible pour tout un chacun, il devient lui-même aussi imprécis. L’Acatium est un vaisseau de petite taille de la Grèce antique, appartenant à la classe des bateaux nommés actuariae. La précision est intéressante, mais je ne suis pas bien sûr de visualiser un Acatium. Une recherche dans le monde digital pourra sûrement m’informer de façon plus précise.
Les images que je fabrique sont dans un univers où l’expression est souvent faible et la mémorisation est illusoire. Il s’agit d’une course de relais avec un passage de témoin, un témoin fluctuant, chargé d’émotions propres et indescriptibles.
Quelques clefs pour comprendre