Dans le débat « Pour ou contre la PMA » qui divise les Français, viennent s’immiscer immédiatement des joutes verbales concernant la GPA, qui serait une suite évidente à la PMA. Environ 65 % des Français (l’Obs avec AFP – publié le 26 juillet 2016) affirment une appartenance à l’Église catholique. Malgré tout, un grand nombre ne sont pas pratiquants et participent à ces joutes verbales avec une pensée ancrée, en venant alimenter le débat.
La médecine soigne et guérit le corps humain. Un simple cachet d’aspirine peut faire passer un mal de tête. Les médecins s’accordent à dire qu’il est nécessaire de prendre un cachet d’aspirine rapidement dès les premières douleurs. Certains accepteront cette douleur dans une foi démesurée, rappelant la flagellation qui est un symbole fort dans la religion chrétienne. En effet, cette torture est utilisée par les Romains à l’endroit de Jésus-Christ avant sa crucifixion. Certains accepteront ce mal de tête en guise de pénitence et considèreront que cette souffrance permet d’expier leurs péchés. Ainsi doit-on intervenir sur le corps humain afin de lui éviter toute souffrance. À l’évidence, en France, des millions d’actes chirurgicaux sont pratiqués afin de sauver des vies. Une femme en désir d’enfant est probablement très affectée lorsqu’elle apprend sa stérilité.
Pour Freud, le désir d’enfant remonte à l’enfance. Au moment de l’âge tendre, ce besoin naît chez la fillette de 18 mois. Par mimétisme, elle s’identifie à sa maman et joue à la poupée. À l’adolescence, lorsque celle-ci devient fertile, le souhait d’un bébé peut renaître.
Le désir d’enfant inassouvi produit une grande souffrance morale et par extension physique. Dans de nombreux cas, la médecine peut modifier la destinée d’une femme infertile. Certaines femmes infertiles acceptent cette volonté divine et supposent que l’infertilité est justifiée par quelque chose qui les dépasse. La femme ne manque pas de comparer cette résolution avec la nature qui, selon le dicton, ferait bien les choses.
Personnellement, j’avais un professeur de piano qui était non-voyant. Il a rencontré une jeune demoiselle également non voyante. Cette rencontre fut certainement organisée dans un club de non-voyants, ce qui facilite grandement les rencontres. Par la suite, ils se marièrent et eurent des enfants aveugles.
La médecine peut repousser les limites du naturel, dans le respect d’un cadre juridique strict. Les pays ayant des législations différentes, certains individus s’extraient du carcan français et n’hésitent pas à braver sa loi.
Cette évolution a tendance à s’éloigner des préceptes de l’église fondés sur des temps anciens. Les encycliques permettent de créer des nuances et de rattraper ainsi une société en proie de modernité.
Certains veulent faire disparaître la notion de genre, permettant ainsi une égalité pour tous, incluant pour tout homme et toute femme la possibilité et le droit de devenir parent. Le géniteur se trouve dissous dans cette théorie.
Pour certains, il est souhaitable, voire nécessaire, que le couple infertile puisse dans tous les cas être accompagné par la médecine pour répondre au désir d’enfant. Le couple fertile est naturellement composé d’un homme et d’une femme. Au titre de l’égalité, tous les couples infertiles doivent avoir la possibilité d’élever un enfant pour répondre à leurs besoins psychologiques. Ainsi, il devient normal que les couples de même sexe aient la possibilité d’être parents.
Pour un couple d’hommes, la seule possibilité consiste à faire appel à la gestation pour autrui.
Dieu voulut un fils aux caractéristiques humaines susceptibles de répondre aux besoins de sa mission. Sa tâche (sic) devenait complexe, car la future mère porteuse devait elle-même être conçue sans tâche, c’est-à-dire être exempte du péché originel. (Immaculée Conception)
L’annonciation
L’ange Gabriel fut envoyé par Dieu. Il trouva la vierge nommée Marie et lui dit ces mots : « Je vous salue, pleine de grâce ! Le seigneur est avec vous ; vous êtes bénie entre toutes les femmes ». À ces paroles, Marie fut troublée. Le mot « troublé » ici a toute son importance. Les différents dictionnaires nous rappellent que « troublé » signifie « rendre trouble, altérer la limpidité, la transparence ». Dans les différentes définitions que proposent les dictionnaires, le mot « troublé » et associé au mot « altération ».
Dans l’Évangile selon Saint Luc, Marie dit à l’ange : « Comment cela sera-t-il possible, puisque je ne connais point l’homme ? L’Ange Gabriel lui répondit : « L’Esprit Saint viendra sur vous et la vertu du Très Haut vous couvrira de son ombre… ». On croirait un plan cul à la Gabriel Matzneff ! Tiens, encore un Gabriel ? Visiblement, Marie est dans l’acceptation. Mais a-t-elle bien compris les tenants et les aboutissants ? Marie avait-elle une altération de ses facultés en répondant : « Qu’il soit fait selon votre parole ! ». Comment peut-on être dans l’acceptation sans comprendre et percevoir parfaitement, en toute limpidité, la situation ? Il s’agit peut-être ici tout simplement d’un viol ? N’y a-t-il pas contrainte, n’y a-t-il pas surprise dès lors que la personne n’est pas en mesure de comprendre ce qui lui arrive ? Les juges ne déduisent-ils pas précisément l’une ou l’autre d’un grand écart d’âge pour protéger les mineurs innocents ? D’un point de vue juridique, il faut encore un acte de pénétration. Pour Marie, la pénétration a nécessairement eu lieu pour que soit permise la rencontre du spermatozoïde et de l’ovule, ainsi rendu fonctionnel à l’intérieur du corps de la femme.
On retrouve la notion de viol dans la mythologie grecque. « L’Oracle prédit à Acrisios, père de Danaé, qu’il sera tué par son petit-fils, c’est pourquoi il enferme sa fille dans une tour d’airain, une tour en bronze impénétrable. Plus tard, Zeus transformé en pluie d’or tombe sur la princesse. De cette union naît un fils : Persée ».
Comme la vierge Marie, Danaé a-t-elle maîtrisé son destin ou n’a-t-elle pas été, simplement, contrainte ?
En ce qui concerne Marie, s’agit-il d’une aliénée mise en « cloque » ou d’un acte divin dont on ne chercherait pas à obtenir des réponses, considérant ce phénomène comme dogmatique ? Chacun tranchera. Quoi qu’il en soit, le corps de cette femme a servi à la conception du fils de Dieu.
Rachel est stérile, mais veut un enfant et dit à son mari Jacob : « Prends ma servante Bila. Unis-toi à elle pour qu’elle ait des enfants. Je les adopterai. Alors, par elle, j’aurai des enfants aussi » (…) « Dieu m’a fait justice. Il m’a écoutée et donné un fils à moi aussi « , conclut Rachel (Genèse 30.1> 30.22).
Les personnes en pensée dogmatique ne pourront jamais être en accord avec leurs opposants. La GPA pointe le bout de son nez et le gouvernement va devoir trancher.
Les peintures que j’ai réalisées, autour de ce concept, mettent en évidence des couples homosexuels. J’ai choisi un mode de traitement qui s’apparente à la peinture religieuse où les personnages possèdent une auréole. Je suis bien conscient que l’utilisation de l’auréole est fréquente dans la littérature grecque de l’Antiquité et que son origine est païenne, mais je désire que ma peinture utilise des éléments iconographiques suivant le langage de notre époque. Ainsi, chacun de mes couples peut-il être des Marie ou des Joseph (respectons le genre : « des Mari ou des Josèphe »).
Les propositions picturales sont des instantanés de vie du couple possédant un enfant ou dans l’attente d’une annonciation. Le système pictural est fondé sur les concepts de l’éloge de l’approximation, qui correspond à mon travail sur la mnésie.
Michel Onfray propose la thèse de la non-existence de Jésus-Christ, ce qui disqualifie bon nombre de religions. Il considère le Christ comme un personnage conceptuel. Cette idée est empruntée à Deleuze. Le personnage conceptuel désigne un personnage fictif créé pour véhiculer des idées.
En vérité, je vous le dis : « d’ici peu, nos familles seront polygames et mes toiles seront accrochées dans les églises modernes ».